Interview de Mme Nouzha Bouchareb Ministre de l’Aménagement du Territoire National, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la Ville avec la Vie éco
Madame Nouhza BOUCHAREB, Ministre de l’Aménagement du Territoire National, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la Ville, préside une réunion de coordination avec le Groupe Al Omrane
L’immobilier traverse la pire crise de son histoire. Le secteur figure parmi les activités les plus impactées. Aujourd’hui, 95% des chantiers sont à l’arrêt avec la quasi totalité des ouvriers sans emploi et sans revenu.
L’impact est à la fois économique et social avec des effets directs non seulement sur les transactions, sur l’acte de bâtir, les chantiers… mais aussi sur l’ensemble de l’écosystème (matériaux de construction, ciment, carrelage, marbre, sanitaire, bureaux d’études et de contrôle, architectes, notaires…) Selon Nouzha Bouchareb, ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Urbanisme et de l’Habitat, «dès le début du confinement, l’impact a été ressenti en premier lieu sur les chantiers de construction. Aujourd’hui, l’arrêt des chantiers est quasi total sur l’ensemble du pays».
Sur les programmes que gère directement la tutelle, il y a plus de 600 projets (répartis entre le menaçant ruine, le logement social, l’habitat insalubre, les projets de mise à niveau…) L’ensemble de ces programmes fait travailler 13.700 ouvriers. Sur ces effectifs, plus de 10.000 personnes sont en arrêt d’activité depuis plus de 2 mois.
Sur un tout autre registre, celui du volume des transactions, l’interprofession a remonté des chiffres alarmants à la tutelle: «L’effet confinement a eu des conséquences lourdes en termes de restrictions de la mobilité. Du coup, il y a eu un impact direct sur les transactions et les actes commerciaux avec des baisses de ventes qui oscillent entre 50 et 95%», résume la ministre.
C’est dire qu’il y a un effet systémique sur l’ensemble de l’écosystème: cela va des bureaux de vente et agents immobiliers jusqu’ aux études de notaires.
C’est dire qu’il y a un effet systémique sur l’ensemble de l’écosystème: cela va des bureaux de vente et agents immobiliers jusqu’ aux études de notaires.
La prochaine étape nourrit beaucoup d’espoirs et d’attentes mais aussi des craintes. En tout cas, le déconfinement devrait logiquement débloquer la situation. Mais ce n’est pas acquis, puisque l’acquéreur a d’autres priorités (épargne, report de tout investissement lourd, appréhensions sur de nouvelles manifestations plus virulentes du Coronavirus…) Quoi qu’il en soit, le ministère de l’Habitat travaille sur une feuille de route pour optimiser la reprise du marché. Un plan de relance qui repose sur plusieurs leviers. Selon la ministre, «nous sommes partis sur la base d’un dépouillement de données exhaustives du terrain.
L’objectif est de cartographier les chantiers, leur taille, leur capacité à gérer la crise, le nombre d’ouvriers amenés à revenir au chantier…» Le challenge est de relancer l’activité avec le défi d’éviter l’apparition de nouveaux foyers/clusters favorables à la contamination, insiste la ministre. A cet effet, des instructions strictes sont données avec des guides et des mesures de sécurité ainsi que des gestes barrière qui seront observés dans les chantiers.
«La relance devrait s’inscrire en continuité avec les mesures prises… Le plan de relance devra être inclusif, résilient et porteur de solutions innovantes», insiste la ministre.
Concrètement, ce plan tant attendu sera articulé en deux temps. «Le phasage retenu permettra, dans un premier temps, de redémarrer progressivement afin de préserver les acquis, notamment au niveau des entreprises du secteur. Cela passera par l’instauration d’une série de mesures d’ordre fiscal, l’assouplissement administratif et procédural… afin de rétablir la confiance», promet la tutelle.
Pour la seconde phase, elle sera déclinée en une batterie de mesures orientées plutôt acquéreur afin de stimuler la demande. «Aujourd’hui, quelles que soient les actions retenues pour dynamiser le secteur du point de vue économique, le dernier mot reviendra au consommateur, à l’acquéreur», tient à préciser Nouzha Bouchareb.
Le challenge est de rétablir la confiance entre l’acquéreur et l’écosystème immobilier dans son ensemble. Ce qui passera aussi par la facilitation de l’acte d’acquisition à travers une série de mesures en cours de préparation.
Relancer la demande, susciter l’achat..
L’acquéreur et le pouvoir d’achat sont une pièce maîtresse dans la redynamisation du secteur immobilier. La tutelle examine plusieurs pistes pour encourager l’acquisition de logements pour les ménages. Parmi les pistes retenues, figurent celles des incitations fiscales, facilités bancaires, le coût du crédit… En résumé, la baisse des charges de l’acquéreur.
Autres pistes à l’étude, «des négociations avec les établissements bancaires pour réactiver des produits comme Fogarim et Fogaloge afin d’élargir la cible avec de nouvelles propositions sur le plafonnement des crédits», annonce la ministre Bouchareb.
«Nous allons mettre en place des aides qui vont cibler différentes catégories sociales à travers de nouveaux programmes territorialisés pour équilibrer la notion de l’offre et de la demande dans les régions». Le défi est de cibler tous les segments, notamment la classe moyenne Plus et Moins…
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